6.15.2017

Le site mégalithique de Rego Grande: le Stonehenge d'Amazonie

En tant que contremaître d'un éleveur de bétail dans les limites de l'Amazonie brésilienne, Lailson Camelo da Silva arrachait des arbres pour transformer la forêt tropicale en pâturage lorsqu'il trébucha sur un étrange arrangement de blocs de granite imposants.

Rego Grande: Stonehenge,d'Amazonie

Après avoir mené des analyses au radiocarbone et effectué des mesures pendant le solstice d'hiver, des spécialistes en archéoastronomie ont déterminé qu'une culture indigène avait disposé les mégalithes pour en faire un observatoire astronomique il y a environ 1000 ans, soit 5 siècles avant le début de la conquête des Amériques par les européens.

Ces découvertes, ainsi que d'autres trouvailles archéologiques au Brésil ces dernières années (tels que des sculptures en terre géantes, des restes d'enceintes fortifiées et même des réseaux routiers complexes), mettent fin aux vues antérieures des archéologues qui soutenaient que l'Amazonie avait été relativement peu touchée par les hommes, à l'exception de petites tribus nomades.

Au contraire, certains spécialistes affirment maintenant que la plus grande forêt tropicale du monde était beaucoup moins «édénique» que précédemment imaginée, et que l'Amazonie abritait une population de près de 10 millions de personnes avant que les colonisateurs européens ne soient à l'origine d'épidémies et de massacres à grande échelle (voir à ce sujet l'article que j'ai publié en 2012: Polémique sur le peuplement préhistorique du bassin de l'Amazone).

Rego Grande: Stonehenge,d'Amazonie
Poteries de Calçoene dans l'Institut de Recherche Scientifique et Technique d'Etat d'Amapá. Credit Dado Galdieri

Dans ce qui est aujourd'hui l'état peu peuplé d'Amapá dans le nord du Brésil, les pierres du soleil trouvées par Da Silva près d'une rivière appelée "Rego Grande" apportent des indices sur la façon dont les populations indigènes en Amazonie étaient bien plus avancées que ne l’estimaient les archéologues au 20ème siècle.

"Nous commençons à rassembler les pièces du puzzle de l'histoire humaine du Bassin de l'Amazonie, et ce que nous avons trouvé à Amapá est absolument fascinant" rapporte Mariana Cabral, archéologue à l'Université Fédérale de Minas Gerais, qui avec son mari, João Saldanha, aussi archéologue, ont étudié le site de Rego Grande au cours de la dernière décennie.

A la fin du 19ième siècle, le zoologue suisse Emilio Goeldi avait déjà localisé des mégalithes, de grandes pierres monumentales, lors d'une expédition à travers la frontière brésilienne avec le français Guiana. D'autres érudits, dont l'archéologue pionnier américain Betty Meggers, sont aussi venus sur de tels sites, mais ils estimaient que l'Amazonie était inhospitalière pour des implantations humaines complexes.


Ce n'est pas avant Da Silva, parvenu jusqu'au Rego Grande en déforestant la jungle environnante dans les années 1990 que les chercheurs ont apporté plus d'attention aux découvertes. 


Da Silva a déclaré qu'il était déjà tombé sur le site pendant une chasse au sanglier lorsqu'il était adolescent dans les années 1960, mais il avait ensuite évité la zone. "L'endroit semblait sacré, comme si nous n'avions pas de place ici," rapporte Da Silva qui est aujourd’hui gardien du site de Rego Grande, "Mais il était impossible de le manquer pendant le déboisement des années 90, lorsque la priorité était de brûler les arbres."

Il y a environ 10 ans (je viens de voir que j'en avais fait déjà un court article en 2007: Découverte d'un Stonehenge brésilien), après avoir obtenu des fonds publics pour stabiliser les pierres, les archéologues brésiliens, dirigés par Ms. Cabral et Mr. Saldanha, ont commencé les fouilles sur le site qui a à peu près la forme d'un cercle.

Ils ont vite identifié une portion de rivière à environ 3km où les blocs de granite ont probablement été extraits. Ils ont aussi trouvé des urnes funéraires en céramique, ce qui suggère qu'au moins une partie du site de Rego Grande a pu être un cimetière.

Les collègues de l'Institut des Recherches Scientifiques et Techniques d'Amapá ont découvert que l'une des grandes pierres semblait être alignée avec le trajet du soleil lors du solstice d'hiver.

Après avoir identifié d'autres points sur le site où les pierres pouvaient être associées au mouvement du soleil lors du solstice, les chercheurs ont commencé à dessiner une théorie sur le site de Rego Grande qui a pu avoir des fonctions astronomiques mais aussi cérémonielles, en lien avec des cycles d'agriculture ou de chasse.

Cabral rapporte que Rego Grande ainsi qu'une série d'autres sites mégalithiques élaborés découverts en Amapá ont pu aussi servir de repère pour les chasseurs ou les pêcheurs dans un paysage qui a été transformé par les peuples amazoniens il y a un millénaire.


Cependant, d'autres savants estiment que d'avantage d'informations sont nécessaires sur Rego Grande pour le mettre au niveau des lieux préhistoriques clairement conçus pour les observations astronomiques. "Nous avons vu beaucoup de revendications similaires, mais il faut plus qu'un cercle de pierres levées pour en faire un Stonehenge" ajoute Jarita Hollbrook, spécialiste de la physique et astronomie culturelle à l'Université du Cap-Occidental en Afrique du Sud, citant la nécessité de plus de résultats sur les caractéristiques de Rego Grande et sur la façon dont le site a été utilisé par les personnes qui l'ont construit.

Rego Grande: Stonehenge,d'Amazonie
Lailson Camelo da Silva, le gardien de l'observatoire mégalithique d'Amapá. Credit Dado Galdieri

 

Pour le moment, Rego Grande, que les habitants locaux appellent le Stonehenge amazonien, reste énigmatique.



Les chercheurs essayent encore de déterminer comment Rego Grande s'inscrit dans l'évolution de l'histoire humaine de l'Amazonie

Des représentants du peuple indigène Palikur, vivant en Amapá et en Guyane française, ont récemment déclaré que leurs ancêtres avaient fréquenté Rego Grande. Mais, les archéologues font preuve de prudence sur l'établissement de tels liens, en soulignant combien peuvent changer les sociétés humaines sur une durée de mille ans.

Ms Cabral, qui a passé des années à étudier Rego Grande, rapporte que les preuves de grandes implantations restent insaisissables, contrairement à d'autres sites en Amazonie comme Kuhikugu, aux sources de la rivière Xingu: les chercheurs ont pu faire un parallèle avec les légendes entourant la cité perdue mythique de Z, qui a longtemps attirée aventuriers et explorateurs.

En attendant, John McKim Malville, physicien solaire à l'Université du Colorado qui écrit beaucoup sur l'archéoastronomie,  a mis l'accent sur la façon dont le champ évolue depuis la concentration exclusive sur les fonctions astronomiques jusqu'à des interprétations plus holistiques, en incluant les cérémonies et rituels des anciennes cultures.

En ce sens, le site de Calçoene (où se situe Rego Grande), offre un aperçu séduisant sur le passé secret de l'Amazonie.

"Les pierres de Rego Grande sont assez extraordinaires et leurs irrégularités peuvent avoir leur propre signification, différente des autres sites mégalithiques autour du monde." ajoute Malville estimant possible que Rego Grande reflète l'importance dans les cultures amazoniennes de l'animisme, l'attribution d'une âme à des entités dans la nature et même à des objets inanimés.

"Nous ne pouvons cependant que spéculer sur ce qui signifie ces pierres", conclu-t-il.

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6.08.2017

Catacombes de Domitilla à Rome: la technologie laser révèle œuvres d'art et graffitis

Les Catacombes de Domitilla, un immense labyrinthe souterrain rempli de tombes à Rome, sont recouvertes d'une croute faite de suie, de poussière et de fumée des lampes à huile, depuis l'époque de l'Empire romain.

Grâce à un nouveau projet de restauration, les archéologues peuvent maintenant étudier certaines de ces superbes œuvres d'art qui n'ont pas été vues depuis des siècles, ainsi que des graffitis de l'homme qui a découvert les catacombes.

Catacombes de Domitilla à Rome: de nouvelles technologies révèlent art et grafitti
Les fresques restaurées ont été révélées au public en mai 2017; on voit aussi le graffiti de Bosio. Photo: Andreas Solaro/AFP

Les catacombes ont été récemment restaurées à l'aide de la technologie laser, commandé par la Commission Pontificale pour l'Archéologie Sacrée du Vatican. Avec des méthodes plus conventionnelles, ce processus aurait pris des années au risque d'endommager la peinture fragile des œuvres d'art.

Jusqu'à présent, seules quelques pièces ont fait l'objet de restauration, mais il y en a encore des dizaines à rénover dans ce vaste dédale souterrain de cryptes.

"Lorsque les travaux ont commencé, on ne pouvait rien voir du tout, c'était totalement noir. Les différentes longueurs d'onde et la sélection chromatique nous ont permis de brûler la partie noire sans toucher les couleurs en-dessous" rapporte Barbara Mazzei, qui est en charge du projet, "jusqu'à récemment, nous n'étions pas capable de mener ce genre de restauration; si nous l'avions fait à la main, nous aurions pris le risque de détruire les fresques".

Catacombes de Domitilla à Rome: de nouvelles technologies révèlent art et grafitti
Couloir dans les Catacombes de St Domitilla. Dennis Jarvis/Flickr (CC BY-SA 2.0)

Les Catacombes de Domitilla sont parmi les plus anciens réseaux souterrains funéraires de Rome. Elles ont été utilisées du 2ème siècle au 9ème siècle de l'Ere Commune, avant d'être abandonnées.

Au total, elles abritent les restes de 150000 personnes, enterrées sur 17km de couloirs et pièces sur 4 niveaux différents.

Ces restaurations ont eu lieu dans les plus grandes pièces isolées, probablement le lieu de repos final pour les familles riches et l'élite.

Catacombes de Domitilla à Rome: de nouvelles technologies révèlent art et grafitti
Un moine regarde les fresques dans une alcôve dans les Catacombes de St Domitilla à Rome. Credit: AFP 

En plus des nombreuses illustrations de la vie quotidienne, les restaurations ont aussi révélé un certain nombre de fresques animées représentant à la fois d'anciennes œuvres chrétiennes et des mythologies païennes. Ces œuvres d'art des catacombes sont importantes car elles capturent un tournant crucial dans la conversion du paganisme au christianisme à Rome.

Catacombes de Domitilla à Rome: de nouvelles technologies révèlent art et grafitti
Les corps étaient enveloppés dans un tissu et entreposés dans des niches dans les murs des catacombes. Crédit: AFP

Les catacombes ont été découvertes au 16ème siècle par Antonio Bosio, un archéologue amateur qui a trouvé de nombreuses catacombes. Après avoir découvert celles-ci,  il avait griffonné son nom dans les fresques à l'aide d'un charbon de bois (Bosio), comme on peut le voir dans la première photo ci-dessus.
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6.05.2017

D'anciennes graines d'orge donnent un aperçu de l'histoire des îles Canaries


Si vous êtes déjà allés aux îles Canaries et que vous avez mangé du gofio (un aliment à base de céréales grillées), alors vous avez consommé la même nourriture que celle des habitants il y a 2000 ans. En effet, les agriculteurs de l'île cultivent les mêmes types de céréales depuis des milliers d'années.

Telle est la conclusion rapportée par des chercheurs de l'Université de Linköping en Suède et de l'Universidad de Las Palmas de Gran Canaria en Espagne, après l'analyse ADN de graines préhistoriques.

D'anciennes graines d'orge donnent un aperçu de l'histoire des îles Canaries
Des chercheurs ont mené des analyses génétiques de l'ADN provenant de graines d'orge préhistoriques trouvées sur les Îles Canaries: Photo: Jacob Morales


"L'étude du matériel génétique de l'orge des îles Canaries peut améliorer notre compréhension de l'histoire de l'île. Nos analyses supportent la théorie selon laquelle les Îles Canaries ont été colonisées par des tribus du nord du Maroc. Et même si les archéologues n'ont jamais trouvé d'orge à Lanzarote, nous sommes relativement sûrs qu'elle y était cultivée pendant la période préhistorique, exactement comme le décrivent  d'anciennes sources espagnoles" rapporte Jenny Hagenblad, professeur agrégé à l'Université de Linköping et l'un des membres de l'équipe qui a travaillé sur l'étude.

Les Îles Canaries ont une tradition de culture céréalière qui remonte bien avant la conquête espagnole au 15ème siècle. A l'époque préhistorique, l'orge était l'une des principales céréales de l'île de Grande Canarie. Les céréales étaient stockées dans des grottes que les populations indigènes avaient creusées dans le substrat rocheux à base de lave. Ces grottes abritaient leurs précieuses récoltes. "Les conditions dans ces grottes étaient idéales pour le stockage, et il est possible aujourd'hui, plus de 500 ans après, de trouver des graines intactes dans certaines des grottes les plus reculées et les mieux cachées" précise Jacob Morales de l'Université de Las Palmas de Gran Canaria.



Jenny Hagenblad et ses co-équipiers ont étudié certaines de ces graines, et ont constaté qu'elles avaient presque 1000 ans. 


Cependant, elles sont si bien préservées qu'il est possible d'effectuer une analyse génétique de leur ADN.

Les chercheurs ont analysé 100 différentes variantes génétiques, afin d'obtenir non seulement des informations concernant l'orge, mais aussi pour voir à quel point l'orge préhistorique ressemble à celle cultivée de nos jours sur l'île.

L'orge préhistorique a été comparée avec plus de 100 variétés cultivées de nos jours sur l'île, en Afrique du Nord et dans la région méditerranéenne. "Depuis que la population originale a été remplacée dans une large mesure par la population espagnole, nous étions intéressés de voir si l'orge avait aussi été remplacée. Nous avons découvert, cependant, que ce qui est cultivé sur les îles Canaries de nos jours est exactement la même orge que ce que les populations originales avaient amené sur l'île lorsqu'elle fut colonisée au début du premier millénaire après JC." précise Jenny Hagenblad,

"Nous en avons aussi appris beaucoup sur l'orge qui était cultivée à l'époque préhistorique. Les marqueurs génétiques que nous avons utilisés montrent que l'orge avait un contenu nutritionnel élevé, et que chaque plante produisait de nombreuses graines. L'orge semble s'être bien adaptée aux conditions des Îles Canaries, et c'est quelque chose que les conquérants espagnols ont probablement remarqué" ajoute Matti Leino, professeur agrégé au Nordic Museum.

Les résultats de l'étude ont été publiés dans le Journal of Archaeological Science: "Farmer fidelity in the Canary Islands revealed by ancient DNA from prehistoric seeds"

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5.31.2017

Un virus de la fièvre hémorragique, du sang humain et des tissus trouvés dans des récipients mortuaires de l'âge du fer

Quelque part entre 600 et 450 avant l'ère commune, une personne de haut rang, dans ce qui est aujourd'hui l'Allemagne, avait développé des symptômes troublants: grosses ecchymoses, saignements du nez et des gencives, et urine et diarrhée sanglantes.

Ses compatriotes, bouleversés, ou peut-être intrigués par cet état, stockèrent sont sang et ses organes dans des poteries après sa mort, et les enfouirent dans un tertre funéraire, près du site de la Heuneberg.

Un virus de la fièvre hémorragique, du sang humain et des tissus trouvés dans des récipients mortuaires de l'âge du fer
Les récipients étaient enterrés dans un tertre funéraire près de l'habitat protohistorique fortifié de la Heuneberg, reconstruit ici virtuellement. Photo: dapd/Associated Press

Aujourd'hui, grâce à une nouvelle technique basée sur l'analyse d'anciennes protéines, les archéologues ont pu reconstruire le contenu de ces récipients et conclure que l'homme était probablement décédé de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Cette grave maladie transmise par les tiques tue encore de nos jours tout autour du monde.

"C'est la première identification d'une fièvre hémorragique à virus dans les données archéologiques" rapporte Conner Wiktorowicz, chercheur en chef de l'étude et doctorant en archéologie à l'Université Purdue à West Lafayette en Indiana.
C'est aussi le seul cas connu de sang humain et d'organes enterrés dans des poteries aux cours de cette époque et dans cette région, ce qui soulève des questions comme celle de savoir si c'était une pratique plus répandue, inconnue auparavant des archéologues.

Le contenu des récipients en céramique s'est dégradé avec le temps, laissant un film de résidus contenant des protéines des matières organiques qui avaient été stockées à l'intérieur...


Les chercheurs ont identifié des protéines spécifiques aux organes et au sang humain, ce qui était inattendu, car cela montrait que les récipients avaient contenu des restes d'organes.

 

Les archéologues explorent de nouvelles façons de récupérer et analyser ces protéines. Dans la nouvelle étude, une équipe menée par Wiktorowicz a moulu une petite partie de chaque fragment de poterie (ou tessons), puis ont utilisé des détergents et autres produits chimiques pour déloger les protéines présentes; ils ont ensuite isolé et analysé les fragments de protéines à l'aide de diverses techniques. Pour terminer, l'équipe a rempli une base de données nationale sur les protéines avec les informations récoltées.
Un virus de la fièvre hémorragique, du sang humain et des tissus trouvés dans des récipients mortuaires de l'âge du fer
Reconstitution du même type de récipient échantillonné pour l'étude. Illustration: C. Wiktorowicz, et.al. Journal of Archaeological Science 78 (January 2017) © 2016 Elsevier Ltd

Tout aussi étonnant était la présence de deux fragments de protéines uniques, appelés peptides, qui aident la fièvre hémorragique de Crimée-Congo à se lier à une cellule hôte juste avant l'infection, note l'équipe dans un rapport publié en février 2017 dans le Journal of Archaoelogical Science.


Ces découvertes mettent en lumière comment les anciens virus peuvent être identifiés plus facilement par leurs protéines plutôt que par leurs acides nucléiques, comme l'ADN ou l'ARN, plus communément étudiés.


Bien que les chercheurs ont utilisé l'ADN pour tracer la préhistoire des pathogènes, comme la variole, les protéines sont plus stables que les acides nucléiques et peuvent se conserver potentiellement pendant des millions d'années.

"Récupérer des acides nucléiques à partir d'anciens virus est extrêmement difficile et en proie à la contamination" explique Angelique Corthals, anthropologue judiciaire à l'Université de New-York, non impliquée dans l'étude, "les protéines de virus sont plus facilement accessibles et moins sujettes à la dégradation. La découverte de protéines pour la fièvre hémorragique de Crimée-Congo dans des tessons de poterie est passionnante. Il serait bon de voir la confirmation par un autre laboratoire indépendant. Mais en l'état, les résultats semblent assez convaincants."

Il reste cependant la question de savoir si la présence de ce virus dans l’Allemagne de l’âge du fer représente la preuve d'une ancienne épidémie, où le pathogène serait endémique à la région, ou bien s'il s'agit d'un individu ayant voyagé dans une région infectée.

Ces découvertes peuvent encourager les archéologues à accorder plus d'attention aux tessons de poterie qui n'ont à priori aucune caractéristique particulière, et laisser présager d'autres passionnantes trouvailles.

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5.25.2017

Out of Europe ? L'homme serait originaire d'Europe et non d'Afrique

L'histoire de l'évolution de l'homme pourrait bien être réécrite... en effet des scientifiques auraient découvert que l'Europe est le berceau de l'humanité, et non l'Afrique.

À l'heure actuelle, la plupart des experts estiment que notre lignée humaine s'est séparée des singes il y a environ sept millions d'années en Afrique centrale, où les hominidés sont restés pendant cinq millions d'années avant de s'aventurer plus loin.

Out of Europe ? L'homme serait originaire d'Europe et non d'Afrique
Vue d'artiste de Graecopithecus. Credit: National Museum of Natural History - Sofia, Assen Ignatov 

Cependant, deux fossiles d'une créature semblable à un singe qui avait des dents humaines ont été trouvés en Bulgarie et en Grèce, ils datent de 7.2 millions d'années.

La découverte de la créature, appelée Graecopithecus freybergi, et surnommée "el Graeco" par les scientifiques, prouve que nos ancêtres commençaient déjà à évoluer en Europe 200 000 ans avant le premier hominidé africain.

Une équipe internationale de chercheurs rapporte que les découvertes changent entièrement le commencement de l'histoire de l'homme et replace le dernier ancêtre commun, à la fois des chimpanzés et des hommes (le fameux chainon manquant), dans la région méditerranéenne.


À cette époque, le changement climatique transformait l'est de l'Europe en pleine savane ce qui a forcé les singes à trouver de nouvelles ressources, déclenchant, selon les chercheurs, un changement vers la bipédie.

"Cette étude change les idées liées à la connaissance sur l'époque et le lieu des premiers pas de l'humanité" estime le professeur Nikolai Spassov de l'Académie Bulgare des Sciences, "Graecopithecus n'est pas un singe. Il fait partie de la branche des hominidés et est l'ancêtre direct d'homo".
La dent de Graecopithecus Credit: University of Tubingen 

La mâchoire de Graecopithecus Credit: University of Tubingen 

La nourriture de Graecopithecus  était liée à la végétation de savane plutôt sèche et dure, contrairement à celui des derniers grands singes qui vivent dans les forêts. Par conséquent, comme les hommes, il a des molaires larges et un émail épais. Dans une certaine mesure, il s'agit d'un lien manquant nouvellement découvert.

Le visage d'El Graeco ressemble probablement à un grand singe, avec des canines plus courtes.

L'équipe a analysé les deux spécimens découverts de Graecopithecus freybergi: une mâchoire inférieure trouvée en Grèce et une dent prémolaire supérieure provenant de Bulgarie.

A l'aide de la tomographie, ils ont pu visualiser les structures internes des fossiles et voir que les racines de la prémolaire avaient largement fusionné. "Alors que les grands singes ont typiquement deux ou trois racines séparées et divergentes, les racines de Graecopithecus convergent et sont partiellement fusionnées, une caractéristique propre à l'homme moderne, aux anciens hommes et plusieurs pré-humains", rapporte la chercheuse principale le Professeur Madelaine Böhmede de l'Université de Tübingen.

La mâchoire inférieure a d'autres caractéristiques suggérant que l'espèce était un hominidé. Elle se trouve être plus ancienne de plusieurs milliers d'années que le plus ancien hominidé africain, Sahelanthropus tchadensis qui fut découvert au Tchad.

"Nous avons été surpris par nos résultats, étant donné que les pré-humains n'étaient connus qu'en Afrique subsaharienne," ajoute le doctorant Jochen Fuss, qui a mené cette partie de l'étude.

D'après le professeur David Begun, paléoanthropologue à l'Université de Toronto et co-auteur de cette étude, "Cette datation nous permet de déplacer la séparation homme-chimpanzé dans la région méditerranéenne".

Au cours de cette période la mer méditerranée a traversé de fréquentes périodes d’assèchement, formant un pont entre l'Europe et l'Afrique et permettant aux singes et anciens hominidés de circuler entre les continents. L'équipe pense que l'évolution des hominidés a pu être causée par des changements environnementaux importants qui ont déclenché la formation du Sahara de l'Afrique du Nord, il y a plus de sept millions d'années, ce qui poussa l'espèce plus au nord. Ils ont trouvé un grand nombre de couches de sable du Sahara remontant à cette période, ce qui suggère qu'il était situé beaucoup plus au nord qu'actuellement.

Selon le professeur Böhm: "nos découvertes pourraient changer nos idées concernant l'origine de l'humanité. Personnellement, je ne pense pas que les descendants de Graecopithecusont ont disparu, ils ont dû se disperser plus tard en Afrique. La séparation des chimpanzés et des hommes ne s'est faite qu'une fois. Nos données supportent l'idée que la séparation s'est produite dans l'est de la méditerranée, et non en Afrique. Si elle est acceptée, cette théorie modifiera le début même de l'histoire humaine".

Cependant, des experts se montrent sceptiques sur ces découvertes. Pour l'auteur et anthropologue retraité, le Dr Peter Andrews, qui fut au Musée d'Histoire Naturelle à Londres: "il est possible que la  lignée humaine soit originaire d'Europe, mais d'importantes preuves fossiles placent l'origine en Afrique, dont plusieurs squelettes partiels et crânes. J'hésiterais à utiliser une seule caractéristique d'un fossile isolé pour lutter contre les preuves venant d'Afrique."

Cette nouvelle étude a été publiée dans le journal PLOS One: Potential hominin affinities of Graecopithecus from the Late Miocene of Europe



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